Orlando Quartet - Schubert: String Quartet "Death and the Maiden" (1984)

Dans l'histoire de l'enregistrement, le pianiste Richter est bien celui dont les éditions témoignent de la plus hallucinante autant que pléthorique foutraquerie, mâtinée de beaucoup de redondances sur fond d'éditions pirates et officieuses. C'est la vraie tour de Babel de l'édition musicale, et Brueghel l'Ancien n'a plus qu'à aller se rhabiller de son manteau de probité. Je renonce donc ici (ce réveillon de fin d'année m'a tué) à recenser ma discothèque personnelle (quelque 15 000 disques...) pour discerner si, dans l'ordre ou dans le désordre, ce qu'on trouve sur ce CD nous est donné pour la première fois, ou si c'est là doublon partiel ou intégral, voire la trois virgule quatorze cent seizième version du même par les mêmes. Le quatuor Borodine est toujours au top (le grand et tragique 14ème de Schubert), mais on retiendra surtout, cette fois-ci, l'excellent quatuor avec piano de Schumann, enregistré "live" à ce grand rendez-vous richterien (cocorico) qu'était la Grange de Meslay. On sait d'ailleurs combien les 5 musiciens ici présents avaient l'habitude de faire de la musique de chambre ensemble (fameux quintette de Franck, par exemple). Pour la petite histoire, les Borodine, tout en maintenant évidemment leur remarquable niveau, ne sont certes pas la formation originale de l'époque soviétique, dont le premier violon a laissé des mémoires. On y apprend qu'ils étaient les amis musicalement préférés de Chostakovich, qui aurait voulu leur dédier et faire créer quasiment ses 15 quatuors. Il a dû cependant se rabattre - si on ose dire - sur une autre formation plus officielle et bien en cours, le quatuor Beethoven. Mais pourquoi donc, dis Tonton? Ben tiens, parce que les Borodine étaient juifs; donc peu en cour sous Staline.