Bénabar - Les bénéfices du doute (2011)

La sortie d’un Bénabar, c’est un peu comme l’arrivée du Beaujolais nouveau. On devine son goût, mais on espère qu’il comportera la petite touche de fantaisie qui restera dans le palais. C’est n’est pas le cas du nouvel album Les Bénéfices du Doute. Un disque sympathique mais sans ambition.

« Les Râteaux », ritournelle festive du loser décroche quelques sourires. « L’Agneau » sur « le prêt à penser » est davantage inspiré, accompagné d’une mélodie enlevée. Tout le monde se reconnaîtra dans « La Phrase qu’on n’a pas dite », porté par une mélodie minimaliste. Sur cet album, Bénabar a collaboré avec Jean-Louis Piérot, ex-membre du groupe Les Valentins (Bashung, Daho, Thiéfaine, etc.). Il en ressort une atmosphère qui flirte souvent avec la tendance country-folk. C’est notamment le cas dans « Faute de goût » dont l’orchestration sauve le texte.

Le quotidien, Bénabar a su parfois le transcender en chansons. Ici, « Alors, c’est ça ma vie », le bilan d’un quadra sur son parcours aligne une série de banalités. « J’ai un boulot qui ne me plaît pas dont je ne vis d’ailleurs pas très bien. Je dis ça, mais je me plains pas, c’est déjà une chance d’en avoir un » écrit l’artiste. Dans « Moins vite », Bénabar voit grandir ses enfants avec nostalgie. On est loin de « Quatre murs et un toit », bijou sur la nostalgie du temps qui passe.

Il reste bien « Les Mirabelles », sobre hommage à l’acteur Jocelyn Quivrin, avec qui Bénabar a tourné le film Incognito. « Différents ? » s’interroge sur les nettoyeurs ethniques qu’on aimerait dissociables de nous. L’album se referme sur « C’est d’l’amour », radioscopie de la béatitude amoureuse. À la critique d’un morceau final gnangnan, on entend déjà Bénabar répondre comme dans le premier extrait de cet album : « Je suis politiquement correct. Et j’ t’emmerde ! ».