Vox Angeli - Irlande (2010)

  • 09 Dec, 13:58
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Artist:
Title: Irlande
Year Of Release: 2010
Label: Columbia
Genre: French Pop, Chanson
Quality: flac lossless (tracks)
Total Time: 00:34:44
Total Size: 221 mb
WebSite:

Tracklist

01. Ensemble (Album Version)
02. Moonlight Shadow (Album Version)
03. Ballade Irlandaise (Album Version)
04. Highlands (Album Version)
05. New Soul (Album Version)
06. Il Voyage En Solitaire (Album Version)
07. Stewball (Album Version)
08. Irlande (Album Version)
09. Mull Of Kintyre (Album Version)
10. La Vie Est Si Belle (Album Version)


L’adaptabilité des professionnels de la profession du disque à un marché plus que balbutiant n’a donc pas de limites. La recherche désespérée de niches (Les Prêtres, Les Sœurs, sans nul doute bientôt Les Nains de Jardin) conduit à caresser l’auditeur (enfin…le client) dans le sens le plus intime de son poil, suivant le bon vieil adage du capitalisme libéral selon lequel, si vous n’êtes plus en mesure de créer une offre universelle, autant générer une foultitude de produits ratissant large.

Bon, mais la musique dans tout cela ? Mais on y est en plein, en tout cas ce que peuvent en imaginer les cyniques têtes de gondole (les trois garçons du groupe muent ? Dehors, les trois garçons du groupe !) à l’instant de tous les comptes de faits : après trois albums vendus à un demi-million d’exemplaires, les trois jeunes filles en fleur (la puberté n’ayant pas d’effet sur leur voix) remettent le couvert d’un quatrième opus, profitant donc des ultimes feux de leur charme juvénile sur fond de verte Irlande (rappelons que le précédent opus, un Gloria consacré au gospel et autres chants liturgiques, n’a recueilli qu’un succès mitigé, et que tout cela fleure bon la fin de plaisanterie).

On évacuera in petto les versions au mieux banales (« Ensemble » de Jean-Jacques Goldman, qui a de toutes façons toujours rêvé de composer pour une chorale), au pire iconoclastes (la ridiculement au premier degré – toute flûte irlandaise dehors - « Ballade irlandaise », chipée au fragile Bourvil), voire totalement hors sujet (on exige que celui qui eût l’idée de faire interpréter aux jeunes filles un « Il voyage en solitaire » en fer de lance du répertoire de Gérard Manset se dénonce) d’un répertoire d’une chanson internationale de bon aloi.

Après tout, le triomphe de la technologie, les leçons de chant, et les équipes d’accompagnement (de vrais professionnels, on vous dit) s’attachent à limiter les dégâts : certes, l’irrésistible beauté du « Mull of Kintyre » de Paul McCartney s’égare dans l’interprétation fade qui en est donnée, mais, au moins, c’est chanté juste. Alors, concentrons-nous plutôt sur les chansons supposées inédites, dont la paternité semblerait revenir à Philippe Swan, qu’on a connu plus inspiré et arachnéen, mais il faut bien régler les arriérés d’impôts. Donc, ces trois mélodies, ni faites ni à faire, positionnent exactement le trio nubile là où il convient qu’il se situe : sur l’estrade poussiéreuse d’un radio-crochet de province, ânonnant ses la-la-la-la (insupportable refrain de la chanson-titre) devant d’accortes dames extatiques, et en imposant ses recettes de dictionnaire de rimes (précisons que les « Highlands », du titre de l’un de ces refrains périssables, nous ont toujours semblés plus proches de l’Écosse que d’Irlande) au reste de l’audience. Avec une mention spéciale pour « La Vie est belle », refrain dynamique et positif, qui trouvera assurément un profond écho dans les faubourgs de Dublin, ville meurtrie par les assassinats, l’occupation de l’armée britannique, et, désormais, la crise économique.

Le problème majeur, avec l’enfance et la pré-adolescence, c’est que cela ne dure jamais très longtemps : les poils poussent, et on cesse de croire au bonheur éternel. Alors, en solde de tout compte, Irlande est un album bien fait (pour eux), d’anges vains qui ont, au moins c’est déjà cela, échappé (pour les trois garçons) au sort que l’on réservait jadis aux castrats. Mais, désormais, il convient de ranger les partitions dans son cartable, et de s’intéresser à des choses plus palpitantes. La vraie vie, par exemple.