Virginie Thomas, Béatrice Martin, Emmanuel Resche-Caserta - Nymphes (2023) [Hi-Res]

  • 26 May, 01:33
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Artist:
Title: Nymphes
Year Of Release: 2023
Label: L'Encelade
Genre: Classical
Quality: flac lossless (tracks) / flac 24bits - 48.0kHz +Booklet
Total Time: 01:09:41
Total Size: 412 / 784 mb
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Tracklist

01. Circe Prelude pour la Nymphe de la Seine - Bornez ici votre course incertaine
02. Le Triomphe de l'Amour Gavotte pour Orithie et ses Nymphes - Entre?e des Nymphes de Diane
03. Alceste - Isis L’Art d’accord avec la nature - Deuxieme Air
04. Armide Au temps heureux ou l’on sait plaire - Ah ! Quelle erreur ! quelle folie
05. Le Ballet des Saisons Me plaindrai-je toujours, Amour, sous ton empire
06. Premier livre de pieces de clavecin Les Idees Heureuses
07. Proserpine Les beaux jours et la Paix sont revenus ensemble
08. Proserpine - Le Triomphe de l'Amour Vaine fierte, faible rigueur - Air pour l’entree de Boree et des 4 Vents
09. Tancrede Nos plaisirs seront peu durables
10. Tancrede Regne, Amour
11. Arethuse ou La Vengeance de l'Amour Severe tyran de mon c?ur
12. Deuxieme livre de pieces de clavecin Les Cyclopes
13. Endymion Jouissez de l’heureux partage
14. Endymion Dans nos forets tout plait, tout enchante
15. Endymion Loure
16. Endymion Chantons dans ces retraites
17. Premier livre de pieces de clavecin La Flore
18. Ismene O vous qui nous fites entendre
19. Zelindor, roi des Sylphes Air pour les Nymphes
20. Zelindor, roi des Sylphes Il faut que tout seconde
21. Zelindor, roi des Sylphes Sur vos pas, par quel charme admirable
22. Titon et l'Aurore Que je plains les c?urs amoureux
23. Titon et l'Aurore Ce ruisseau qui dans la plaine
24. Zelindor, roi des Sylphes Passepied
25. Scylla et Glaucus Serments trompeurs (Scylla et Glaucus)
26. Platee Premier menuet dans le gout de vielle
27. Platee Soleil, fuis de ces lieux

Avant de connaître une résurrection au XXe siècle sous la forme de la « nymphette » chère à Nabokov, la nymphe fut d’abord une créature mythologique imaginée par les Grecs, enchantant notamment les après-midis des faunes, pour ensuite former une partie de la population des œuvres musicales soumises à l’approbation de Louis XIV et de ses successeurs. Si elles sont rarement au cœur de l’action des tragédies lyriques, les nymphes figurent très régulièrement dans les prologues et dans les divertissements d’opéras, condamnées à chanter la gloire du plus grand des rois ou à se lancer dans des airs virtuoses.

Il s’agit pourtant là d’une vision un peu réductrice, que vient très agréablement battre en brèche le disque enregistré par la soprano Virginie Thomas. Cette artiste, que l’on a tout récemment pu voir en « seconde femme » et « seconde sorcière » dans Didon et Enée que dirigeait William Christie à Compiègne et Versailles, connaît bien les rôles de nymphe : dotée d’un timbre clair et frais, elle est fréquemment distribuée dans ces personnages juvéniles et joyeux. On aurait pourtant tort de croire que son récital se contente d’enfiler les passages où les divinités imaginées par Quinault, nymphe de la Seine ou nymphe des Tuileries, jouent les utilités dans les interstices d’une action plus héroïque. D’une part, il y a des nymphes songeuses, affligées ou amoureuses ; d’autre part, il y a des nymphes qui occupent le premier plan d’un bout à l’autre de certaines partitions.

Conçu sous la forme d’un opéra en trois actes et un prologue, Nymphes nous fait parcourir trois quarts de siècle d’histoire du genre en France. Le premier acte correspond au règne de Lully, non sans quelques emprunts à ses successeurs immédiats, Desmarest avec sa Circé ou, moins connu, le Ballet des saisons cosigné par Colasse et le fils de Lully, Louis. Le deuxième nous transporte dans les premières années du siècle suivant, avec Campra et Colin de Blamont. Le dernier, enfin, voit triompher autour de 1750 Mondonville, Leclair ou Rameau, qui offre même à Clarine, modeste suivante de Platée, un air sublime pour faire fuir le soleil loin des « humides naïades ».

Et si le programme inclut les airs guillerets ou sensuels auxquels on pouvait s’attendre, il permet aussi à Virginie Thomas de se montrer une interprète sensible, avec une impressionnante série de monologues déclamés par de véritables héroïnes, comme la Proserpine de Lully (la fille de Cérès était associée au retour du printemps, ce qui suffit peut-être à en faire une nymphe honoraire), Aréthuse qui figure aussi dans Proserpine, mais qui a droit à son opéra à part entière avec Aréthuse ou la Vengeance de l’Amour de Campra (1701), ou Ismène dans la pastorale éponyme de Francœur et Rebel.

Autour de la soprano, la musique de ces compositeurs est interprétée par une douzaine d’instrumentistes, ce qui nous plonge dans la pratique des meilleurs amateurs du temps, lorsque ces partitions étaient adaptées aux petits effectifs que l’on pouvait réunir dans les salons. Béatrice Martin touche le clavecin (quelques pièces de Couperin se glissent entre les extraits d’opéra), Emmanuel Resche-Caserta, qui tient le dessus de violon, mène un orchestre de chambre où l’on reconnaît notamment le nom du flûtiste Alexis Kossenko (de fait, les vents dominent ici souvent, leurs sonorités liquides et boisées convenant sans doute à l’évocation des nymphes liée aux eaux et aux forêts).