Julien Weber, Ensemble Kaïnos - Salade Lyonnaise (2023) [Hi-Res]

Tracklist

01. Ubu Roi: Ouverture
02. La petite qui tousse
03. Ubu Roi: Chanson du décervelage
04. Sept remèdes chantés: I. Secret contre foudre et tempête
05. Sept remèdes chantés: II. Du poil
06. Sept remèdes chantés: III. Pour estancher ou apaiser la soif
07. Sept remèdes chantés: IV. Pour le degoust de ceux qui vont par mer
08. Sept remèdes chantés: V. Pour prendre Salamandre et s'en servir
09. Sept remèdes chantés: VI. Pour faire naistre les cheveux à un qui sera chauve
10. Sept remèdes chantés: VII. Pour faire que les bêtes sauvages ne te donnent ennui
11. Poèmes amorphes: La Complainte de M. Benoît
12. Poèmes amorphes: Paysage de Neige
13. Poèmes amorphes: Berceuse obscène
14. Poèmes amorphes: Les Pédicures
15. Marquises & Sans-culottes: La Provençale
16. Marquises & Sans-culottes: La Vogue de Bron
17. Marquises & Sans-culottes: Valse lyonnaise
18. Marquises & Sans-culottes: La Belle d'Amour
19. Marquises & Sans-culottes: La Petite Danseuse Mécanique
20. Marquises & Sans-culottes: La Nouvelle Allemande
21. Marquises & Sans-culottes: Ça ira... et la Nouvelle Bonaparte
22. Trois chansons à la charcutière: I. Du Pays Tourangeau
23. Trois chansons à la charcutière: II. Malheureuse Adèle !
24. Trois chansons à la charcutière: III. Velas ou l’Officier de Fortune
25. Quatre recettes chantées: I. Beignets à la Romaine
26. Quatre recettes chantées: II. Le Canut, ses Bugnes et la Ficelle à deux sous
27. Quatre recettes chantées: III. Porc à l'Espagnol
28. Quatre recettes chantées: IV. Tartine Anglaise
29. La chanson écossaise
30. Les Adieux
31. Le Mot et la Chose
32. Trois poèmes de Ronsard: I. Louange de la Rose et de la Violette
33. Trois poèmes de Ronsard: II. À sa Maîtresse
34. Trois poèmes de Ronsard: III. À son Laquais
35. Carillon



Ce disque réunit pour la première fois trois compositeurs lyonnais majeurs de la fin du XIXe siècle et du XXe siècle à travers plus d’une trentaine de courtes pièces vocales ou instrumentales aux esthétiques et langages musicaux contrastés, parfois surprenants.

Pour le grand public, ils demeurent très certainement inconnus. Cependant, Georges-Martin Witkowski (1867-1943), Claude Terrasse (1868-1923) et Ennemond Trillat (1890-1980) ont, par leurs parcours de musicien et de compositeur, directement ou indirectement contribué au rayonnement de Lyon. Outre leur origine locale commune et leurs premières études musicales effectuées dans la capitale des Gaules, tous trois sont ensuite « montés » à Paris – passage obligé - pour y parfaire leur parcours, chacun dans une des trois fameuses institutions musicales parisiennes. Ainsi, Witkowski étudia à la Schola Cantorum auprès de Vincent d’Indy ; Terrasse prolongea ses études d’orgue commencées au Conservatoire de Lyon à l’école Niedermeyer auprès d’Eugène Gigout ; Trillat intégra le Conservatoire de Paris dans la classe de piano d’Edouard Risler. Il fit également ses classes d’harmonie et de composition chez Théodore Dubois.

Organiste en paroisses au début de sa carrière, Terrasse s’orienta concomitamment vers la musique de théâtre où il excella – notons qu’il avait acquis une expérience au Grand Théâtre de Lyon en tant que trompettiste. Le « Prince de l’opérette française », ainsi qu’il fut surnommé, contribua en effet à donner un souffle nouveau à ce genre léger jusqu’à ce que la survenue de la Grande Guerre n’eût raison de cette musique devenue alors par trop frivole. Il fut le chef d’orchestre de l’Opéra-Comique de Paris et très proche des cercles artistiques littéraires, théâtraux et picturaux avant-gardistes de son temps.

Très impliqué dans la société lyonnaise et scholiste convaincu, Witkowski façonna grandement la vie artistique de la cité rhodanienne - qui lui en est à ce jour encore redevable. Sur le modèle de l’école parisienne, qui en outre prônait la décentralisation et la démocratisation des savoirs, il fonda la Schola Cantorum de Lyon (1903), puis la Société des Grands Concerts (1905) qui deviendra l’Orchestre National de Lyon. Compositeur lui-même, mais aussi chef d’orchestre en prise avec la création contemporaine et programmateur des saisons musicales des Grands Concerts, il lui importa de cultiver le public lyonnais et de lui donner à entendre nombre de créations de ses contemporains. Il se dota pour cela d’un bel outil : la salle Rameau, inaugurée en 1908. Homme engagé, il dirigea le Conservatoire de 1923 à 1941.

Ennemond Trillat mena une carrière brillante et protéiforme d’enseignant, de pianiste concertiste, chambriste, de compositeur et de musicologue. Professeur de piano au Conservatoire de Lyon à partir de 1919, co-fondateur du « Trio Trillat » (1921), il succéda à Witkowski à la direction du Conservatoire (1941). Son implantation lyonnaise ne l’empêcha pas de parcourir le monde (Europe, pays du pourtour méditerranéen, Canada, …) pour donner des concerts qui firent la part belle à la musique française. Il fréquenta les grands compositeurs de son époque (Debussy, Poulenc, …) et joua avec des interprètes renommés (Ninon Vallin, Claire Croiza, …). En 1942, il fonda le Cercle d’Études Musicales Universitaires montrant ici son goût pour associer interprétation des œuvres et discours sur ces dernières. Quelques émissions radiophoniques, notamment, gardent la mémoire de conférences-récitals qu’il offrit ainsi aux auditeurs.

Ces trois compositeurs lyonnais aux destinées singulières se voient donc ainsi rassemblés dans ce disque inédit. Ils y abordent thèmes rabelaisiens et épicuriens, humour, folklore au détour de scènes du quotidien ou de la vie amoureuse, de personnages drôles, d’animaux aux pouvoirs guérisseurs, de fleurs messagères, de recettes culinaires, le tout sur un fond musical à dessein archaïsant ou résolument moderne.

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