Sébastien Texier & Christophe Marguet - Célébration (2025) [Hi-Res]

Quelque quatre ans après la parution du livre-disque We Celebrate Freedom Fighters !, Christophe Marguet et Sébastien Texier emmènent leur quartet vers des rivages voisins, ceux de la défense des droits humains et de la liberté. Dans le premier volet de ce qui constitue de fait un diptyque, ils rendaient hommage à des personnages clés, ces résistants en lutte contre toutes les discriminations et les injustices (de Sitting Bull à James Baldwin en passant par l’inconnu de Tian’anmen) ; cette fois, ils célèbrent des faits qui ont insufflé au monde un vent d’espoir et, ce faisant, de liberté. Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen (1789), abolition de l’esclavage (1794), droit de vote et éligibilité des femmes (1944), droit à l’avortement (1975), Révolution des œillets (1974), libération de Paris (1944)… Autant de grands mouvements que le quartet fait revivre dans une Célébration qui vient nous rappeler la dimension politique et militante que peut revêtir la musique de jazz depuis ses origines, qu’on oublie parfois… Pour cette seule raison, ce nouveau disque mérite la plus grande attention dans une époque où jamais les libertés individuelles n’ont été autant menacées sur tous les continents.

La formule de ce quatuor, qu’on connaît depuis For Travellers Only en 2018, est singulière et réjouissante. Alors que l’esprit de la musique d’Henri Texier plane volontiers sur bon nombre de compositions – on imagine volontiers des compositions telles que « Quit India », « Mon esprit » ou « Paris libéré » inscrites à son propre répertoire –, ce qui n’étonne guère dans la mesure où trois des quatre musiciens sont ou ont été ses compagnons de route, vous chercherez en vain un contrebassiste. Un rôle essentiel pourtant, symbole de force et d’union, ici endossé par le tuba de François Thuillier qui fait merveille de par sa présence très organique (et ce faisant charnelle) magnifiquement soulignée par le jeu de Christophe Marguet, dans ce savant dosage de force et de souplesse dansante qu’il déploie depuis de longues années. Il ne reste plus alors qu’à chanter, à exulter : ce à quoi s’emploient Manu Codjia dont la guitare est, à chaque intervention, source d’élévation. Sa sonorité planante, ses élans célestes portent haut les couleurs d’une musique que chante Sébastien Texier, plus rayonnant que jamais, au saxophone alto comme à la clarinette.

On rêve que cette musique vienne répandre sa « bonne parole » sur tous les esprits enclins à s’abandonner aux idées sombres se propageant chaque jour un peu plus. Sans doute faudra-t-il d’autres efforts pour y parvenir. Au moins Christophe Marguet et Sébastien Texier auront-ils pris leur part de responsabilité politique en déployant avec élégance les beautés d’une Célébration de toutes ces victoires contre les obscurantismes, nous rappelant par là que si rien n’est jamais acquis, la résignation ne saurait être de mise. Ce disque est donc essentiel.

Christophe Marguet (d, comp), Sébastien Texier (as, cl, comp), Manu Codjia (g), François Thuillier (tuba).