Arnaud Fleurent-Didier - Portrait du jeune homme en artiste (2004)

Vous pouvez d’ores et déjà remercier Arnaud Fleurent-Didier. Car, dorénavant, lorsqu’un mélomane étranger vous demandera, incrédule, « mais, boudiou, qu’est-ce que la nouvelle chanson française ? », vous pourrez vous pavaner et lui offrir ce disque, sans recueillir railleries et autres ricanements. Cet album anéantit tous les efforts laborieux de nombreux tristes sires dont on nous rebat les oreilles depuis au moins un an. Depuis trop longtemps. Voilà , enfin, une œuvre culottée, crâneuse et drôle (Rock Critique), caustique et touchante (le sublime Emploi Du Temps), casse-gueule dans ses partis pris, risqué dans ses ambitions. Et c’est bien là tout le mérite d’Arnaud Fleurent-Didier, déjà croisé à la barre de Notre-Dame (pour diverses fortunes), jeune homme ET artiste qui n’a pas froid aux yeux, déniche des chœurs étourdissants et écrit des arrangements somptueux (l’intro de Vivre Autrement, au hasard), pour lesquels Neil Hannon et sa Divine Comedy seraient prêts à brouter toutes les vertes prairies irlandaises. De mélodies finement ciselées – à un point tel qu’aucun élève de la Star Ac’ n’arrivera jamais à les fredonner sous la douche – en refrains enjôleurs, ce garçon fait preuve d’une facilité déconcertante, évoque avec à-propos Gainsbourg ET Polnareff, met en scène tel un cinéaste sa bonne ville de Paris, invite sa muse Ema Derton à lui donner la réplique, parle d’amour avec une pudeur inhabituelle. Certes, rien ne dit encore que, un jour, Arnaud Fleurent-Didier se retrouve en couve de magic. Mais l’on sait déjà qu’il serait bien mal venu de laisser son disque dormir sur une étagère.