David Prez - Awakening (2012)

  • 06 Nov, 17:01
  • change text size:

Artist:
Title: Awakening
Year Of Release: 2012
Label: Paris Jazz Underground
Genre: Jazz / Post-Bop
Quality: FLAC (tracks+.cue,log,scans)
Total Time: 57:29
Total Size: 321 MB
WebSite:

Tracklist:

01. Albatros (Prez) - 6:52
02. Four Symbols (Pilon) - 8:25
03. Intro to Awakening (Prez) - 2:05
04. Awakening (Prez) - 4:19
05. Blues for Mike (Prez) - 7:17
06. Repeat (Prez) - 7:13
07. Intro to Gabriel (Prez) - 2:14
08. Gabriel (Prez) - 6:34
09. Sincerity (Prez) - 3:51
10. Nerdville (Prez) - 4:29
11. Clouds and a Robot (Pilon) - 4:10

David Prez - tenor saxophone
Romain Pilon - guitar
Laurent Coq - piano
Yoni Zelnik - bass
Karl Jannuska - drums
Yoann Loustalot - trumpet & flugelhorn (#5,6,10,11)

Voilà le quatrième disque en leader du saxophoniste David Prez, membre éminent du collectif Paris Jazz Underground, que l’on suit avec intérêt aux Dnj. Awakening représente vraiment un éveil à cette musique que l’on appelle jazz et que l’on reconnaît sans la moindre ambiguïté. Dans le monde musical actuel, il faut avoir un certain courage pour vouloir jouer et vivre de cette musique dans notre pays et s’en revendiquer mais David Prez creuse son sillon dans la continuité artistique de la démarche de PJU. Tout en étant plus que réactifs à ce qui se fait aujourd’hui, les six musiciens ont une culture commune et une admiration intense pour les grands du jazz. Ils tissent la toile au maillage souple mais solide d’un groupe soudé qui a pour base le formidable quartet en place depuis 8 ans autour de Romain PILON, Yoni ZELNIK et Karl JANNUSKA. David Prez a fait appel au pianiste Laurent Coq qu’il connaissait du "Blowing Trio" et qui a immédiatement intégré le son du groupe. Le trompettiste Yoann Loustalot, apprécié pour sa musicalité frémissante, est "invité" sur 4 titres, se prêtant au duo ténor/trompette, en écho au quintet de Miles avec John Coltrane ou Wayne Shorter, en référence aussi à Joe Henderson et Freddie Hubbard. David Prez entraîne son groupe avec un sens réel de la cohésion dans des compositions largement ouvertes au travail d’équipe. Le répertoire est constitué exclusivement de compositions originales de la plume du leader (2 sont de Romain Pilon ) recherchant une instrumentation et des formes musicales plus longues et plus construites, avec par exemple l'association efficace guitare/piano. Mais chaque instrument est valorisé dans l’écriture et le jeu. La contrebasse est souterraine mais chantante quand il le faut, comme dans la coda de cet Albatros inaugural, premier morceau écrit pour ce nouveau groupe...Le drumming véloce, sans ambivalence, puissant et contrôlé, groove et déménage dans le solo qui commence Nerdville, morceau assez "humoristique", sur un rythme de marche entre « Blues March » et « Stablemates» de Benny Golson ... ou le final de Clouds and a Robot qui a tout d’une composition "cinématographique", cinétique, évoquant des nuages dans la première partie, avec claps et gouttes de pluie qui tombent ( au piano, il faut être très précis à 1:31). On entend aussi un robot avant que l'ensemble ne s’emballe en un beau crescendo très rock'n roll...La guitare perlée (mais pas toujours) devient « folk » dans Four Symbols avec le style très particulier de Romain Pilon, original dans les différents grooves utilisés. La forme portée, soutenue par le son limpide du saxophoniste évolue en un long crescendo doucement "rock". Les sons s’entrelacent, se tendent dans Blues for Mike, en hommage au regretté Michael Brecker, une composition qui n’a cependant pas la forme traditionnelle en 12 mesures (elle est en 7/4). Elle est sans doute l’une des plus sincèrement jazz du disque . Du jazz, du pur que l’on retrouve dans Sincerity, ballade écrite selon la tradition, avec une belle improvisation au ténor, dès les premiers accords, puis au piano. A l'écoute, on pense à un standard sans pouvoir l’identifier, évidemment. Du grand art et une parfaite maîtrise du vocabulaire et de la syntaxe jazzistiques. Et pourtant le classique n’est pas en reste : Gabriel est un hommage au compositeur Gabriel Fauré, inspiré de ses Nocturnes pour piano solo. L'introduction est la partie la plus "classique", jouée comme telle par Laurent Coq, sans improvisation.
On se rend compte, en décortiquant chaque composition, de la recherche raffinée sous une apparente et réelle fluidité, d’un style que l’on pourrait presque qualifier d’ « intime ». C’est que David Prez fait passer la musique avant la technique et s’amuse avec les variations les plus subtiles ou contrastées : Awakening, le titre phare, est construit de façon originale, avec une introduction au piano, un long solo de ténor dans la deuxième partie, sans que jamais, les thèmes ne se répètent. Contrairement à l’évident Repeat, pièce hypnotique et groovy, en 12/8 autour de triolets de croches avec plusieurs motifs mélodiques et rythmiques qui se multiplient. Pour ce musicien, le jazz prolonge aujourd’hui une tradition « savante » autorisant une réelle liberté d’écriture et d’interprétation, en se pliant aux diverses contraintes et autres nécessités dynamiques de ce langage : cette musique passe avant la fusion des genres, change la complexité en fluidité et exprime une maîtrise sans effort. Les compositions comportent juste ce qu’il faut de petits décalages, de délicates surprises dans une mise en scène d’un groupe en totale interaction et non en progression parallèle. Rien n’est aussi simple qu’il le paraît dans cet album. Ce qui prouve que la leçon du jazz a été comprise, qu’elle n’est ni perdue ni oubliée… Et cela est vraiment bien.
NB : L'enregistrement réalisé au studio de La Buissonne est d'une incroyable qualité acoustique avec la marque de Gérard de Haro toujours exceptionnelle. L'ensemble a été mixé à New York à Avatar Studio par l'ingénieur Katsuhiko Naito, autre référence en la matière.