Gernot Adrion & Yuki Inagawa - Bowen, Bridge & Dale: English Viola Music (2018) [Hi-Res]

Tracklist
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01. Sonata for Viola and Piano No. 1 in C Minor, Op. 18: I. Allegro moderato
02. Sonata for Viola and Piano No. 1 in C Minor, Op. 18: II. Poco lento e cantabile
03. Sonata for Viola and Piano No. 1 in C Minor, Op. 18: III. Finale
04. Phantasy for Viola and Piano, Op. 4
05. Pieces for Viola and Piano: No. 1. Pensiero
06. Pieces for Viola and Piano: No. 2. Allegro appassionato
07. Pieces for Viola and Piano: No. 3. Berceuse
08. Pieces for Viola and Piano: No. 4. Serenade
09. Pieces for Viola and Piano: No. 5. Élégie
10. Pieces for Viola and Piano: No. 6. Cradle Song


Même le mélomane le plus féru s’imagine avec un brin de flou ce qu’il faut entendre par « musique anglaise pour alto » ; certes, des œuvres d’Elgar, Vaughan Williams et Britten ont enfin trouvé le chemin des salles de concerts continentales, et tout le monde connaît le Concerto pour alto de Walton, ne serait-ce que pour la petite Histoire qui l’accompagne. Mais nombre d’autres compositeurs britanniques, de ce côté de la Manche, restent méconnus, voire totalement inconnus : York Bowen (1884-1961), Benjamin Dale (1885-1943) ou Frank Bridge (1879-1941) en sont, même si le nom de Bridge reste attaché à une œuvre – qui n’est pas de lui : les Variations sur un thème de Frank Bridge de son jeune disciple Britten. Ces trois compositeurs donc, Bowen, Dale et Bridge, sont réunis sur cet album d’œuvres pour alto et piano ; ils appartiennent tous trois à une génération de musiciens londoniens du tournant du XXe siècle, dont la musique établit le lien entre le dernier romantisme et un modernisme encore très sage.

Tous trois avaient une tendresse particulière pour la couleur mélancolique et un peu sombre de l’alto : le parfait instrument pour illustrer cette atmosphère de fin-de-siècle qui s’était saisie de tant d’artistes, écrivains, poètes et intellectuels de tout poil. La Sonate de Bowen, la Fantaisie de Dale et les six pièces de Bridge couvrent la période de 1901 à 1910 – une époque où les compositeurs « sur le continent » commençaient déjà à gommer l’idée de majeur, de mineur, de tonalité même, une tendance qui dans l’ultra-conservatrice Angleterre attendrait encore quelques décennies avant de s’implanter durablement. Les présentes pièces évoquent encore le style romantique tardif allemand et français. Jusqu’alors, l’alto ne disposait d’aucune véritable place en tant qu’instrument soliste, mais grâce en particulier à l’enthousiasme du grand altiste Lionel Tertis (1876-1975), de nombreux compositeurs se mirent à écrire pour l’instrument en général, et pour Tertis en particulier à qui ils dédièrent des quantités considérables d’œuvres. Depuis 1996, l’altiste Gernot Adrion est co-soliste de l’Orchestre de la Radio de Berlin, et à partir de 2006 il a intégré le Trio Gideon Klein qui se penche sur le répertoire du trio à cordes du début du baroque jusqu’à nos jours. En 2012 il s’est allié à la pianiste Yuki Inagawa pour former un duo alto-piano, que voici.

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