Bror Gunnar Jansson - Moan Snake Moan (2014) flac

Tracklist

01. The Church Bell's Tone
02. Moan Snake Moan, Pt. 1 (Rattlesnake)
03. William Is Back
04. One for Earth
05. He Had a Knife in His Hand
06. Ain't No Grave
07. New Mountain Ballad N°1
08. TV
09. Butch
10. God Have Mercy


Du blues chacun croit tout avoir entendu, tout connu, en bref avoir fait depuis longtemps le tour de la question. C'est compter sans l'âme maligne d'une musique inspirée par le Malin. Si le genre a disparu depuis longtemps de la devanture des magasins et n'entre plus dans les charts qu'à l'occasion du décès d'un de ses derniers géants, le blues resurgit aussi là où on ne l'attend pas.C'est un coup de chaud inattendu que le Suédois Bror Gunnar Jansson apporte au blues un beau matin de 2014 avec son album Moan Snake Moan. Difficile d'imaginer plus étrange que cet échalas cadavérique semblant tout droit sorti du film Phantasm (1979), en train de hurler le blues comme les damnés hurlent à la lune. Vêtu comme un étrangleur des années 1940, Bror Gunnar Jansson a forcément été possédé par un avatar de Robert Johnson.La force de Moan Snake Moan tient dans son amalgame d'un son très roots qui évoque tour à tour John Lee Hooker, Sonny Boy Williamson, Howlin' Wolf et bien sûr Robert Johnson, et d'un blues décavé pratiqué par des phénomènes comme Nick Cave, Jim White ou Jon Spencer. Saisissant et étrange, le résultat de ces accouplements donne lieu à un disque réellement hors du commun.Écouter Bror Gunnar Jansson geindre sur « Butch » est une expérience unique, tout comme l'utilisation qu'il fait du violoncelle sur « New Mountain Ballad N°1 », pour imprimer une ambiance digne des meilleurs polars de son pays. Rendu fou par des percussions déchaînées, « The Church Bell's Tone » lâche un saxophone similaire à celui de Steven MacKay sur « L.A. Blues » (The Stooges). Fidèle à l'esprit du country blues, Bror Gunnar Jansson raconte des histoires de villages, parfois avec le renfort d'une valse déglinguée sur « William Is Back ».

Moan Snake Moan est habité par l'esprit du blues. Plus que de musique, il est ici question d'âmes volées, de possession démoniaque, d'un croisement maléfique qui se serait déplacé du Mississippi aux fjörds suédois. Bror Gunnar Jansson apporte la preuve que, même mort et enterré pour une grande partie du public, le blues reste capable d'inspirer un disque dont l'intensité vaut la discographie entière de nombreux artistes.

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