Emmanuelle Bertrand, Pascal Amoyel, Antje Weithaas - Olivier Greif: Sonate de Requiem, Trio avec piano (2006)
Artist: Emmanuelle Bertrand, Pascal Amoyel, Antje Weithaas
Title: Olivier Greif: Sonate de Requiem, Trio avec piano
Year Of Release: 2006
Label: Harmonia Mundi
Genre: Classical
Quality: FLAC (tracks)
Total Time: 01:02:04
Total Size: 239 Mb
WebSite: Album Preview
Tracklist: Title: Olivier Greif: Sonate de Requiem, Trio avec piano
Year Of Release: 2006
Label: Harmonia Mundi
Genre: Classical
Quality: FLAC (tracks)
Total Time: 01:02:04
Total Size: 239 Mb
WebSite: Album Preview
Sonate De Requiem Op. 283, Pour Violoncelle Et Piano (1979-1993)
1. Molto Lento - Allegro 11:38
2. Notturno 6:43
3. Presto Vivo - Più Lento 6:01
4. Quasi Cadenza 7:52
Trio Pour Piano, Violon Et Violoncelle (1998)
5. De Profundis 8:49
6. Java 7:16
7. Romanze 9:26
8. Alla Breve 4:19
Performers:
Piano – Pascal Amoyel
Cello – Emmanuelle Bertrand
Violin - Antje Weithaas
Enfin, Olivier Greif voit les enregistrements de ses oeuvres se multiplier dix ans après sa mort, qu'on sait être venue bien trop tôt - il n'avait que 50 ans et avait atteint un degré de maturité artistique des plus enviables. Ce sont trois disques de grande qualité qui ont été publiés au printemps 2010, et on les conseillera sans hésiter tous les trois: Par la Chute d'Adam , le concerto pour violoncelle enregistré par son dédicataire Henri Demarquette (ainsi que la sonate de Requiem, déjà enregistrée au préalable, à deux reprises, dont ici); La Bataille D'Azincourt pour 2 Violoncelles par l'ensemble Syntonia; et The Meeting Of The Waters - Intégrale De L'Oeuvre Pour Violon Et Piano , interprétée par Stéphanie Moraly et Romain David, d'ailleurs lui-même co-créateur de l'excellent Ensemble Syntonia (voir mes commentaires sur chacun de ces trois derniers disques). Avant cela, un disque était venu étoffer considérablement la discographie: en 2006 paraissait cet album consacré à deux des pièces majeures de sa musique de chambre, la Sonate de Requiem pour violoncelle et piano, et le Trio pour piano, violon et violoncelle.
Si Greif n'est pas un compositeur d'avant-garde, il n'en est pas moins un musicien sensible et aventureux. Le label Triton, qui défend sa musique au disque depuis une quinzaine d'années, rappelle sur son site certains de ses propos, qui finissent par former un credo: « Je veux amener l'auditeur à cette espèce d'ivresse où les situations, les époques et les lieux les plus divers qui soient, les plus opposés en apparence, se superposent, s'imbriquent, tourbillonnent et finissent par fusionner en un instant projeté dans l'éternité, c'est à dire non pas en un instant particulier qui durerait toujours, mais en une vision globale, passée hors temps et hors espace. »
On sait que Greif a connu une éclipse (volontaire) pendant une dizaine d'années, et a repris une activité de compositeur dans les années 90, décennie pendant laquelle il a composé la plupart de ses oeuvres majeures. La Sonate de Requiem est dans cette perspective un cas à part, puisqu'elle fut créée à la fin de sa première période d'activité, en 1979, et connut une 2ème création mondiale en 1993, non sans avoir été réduite de 49 à 27 minutes. Je ne connais pas la version d'origine, mais je suis prêt à avancer que cette sonate semble tenir là sa forme idéale. Des dires du compositeur, aux croyances nettement marquées, cette sonate est une méditation sur la mort, les trois mouvements correspondant à trois aspects: la mort comme perte, comme voyage, comme contemplation. Autour de thèmes centraux, Greif cite abondamment, les bribes de mélodies venant hanter la partition comme des réminiscences plus ou moins heureuses. Dixit le compositeur: "Autour de ces trois thèmes-personnages se greffent de nombreux motifs, mélodies, citations, collages, qui sont autant de visions, d'hallucinations, d'échos oniriques, autant de réminiscences du monde humain que l'âme du défunt perçoit tandis qu'elle s'élève."
Le Trio (1998), aussi mélancolique et brutal que peut parfois l'être la sonate, est peut-être encore plus achevé. Inspiré par le Trio n°2 de Chostakovitch, ou plus largement par la musique de Chostakovitch - rappelons que la sonate n°3 était dédiée à sa mémoire - c'est une oeuvre de pleine maturité, qui marque durablement. Comme on ne dira certes pas mieux qu'elle, citons Brigitte François-Sappey, qui dans ses excellentes notes de pochette écrit: "Délaissant la coulée ininterrompue d'un poème musical élégiaque, Greif renoue ici, avec une forme en quatre mouvements: un 'De Profundis' sauvage et déchirant; une blême 'Java' erratique; une 'Romanze' délicieusement fin de siècle, entre la Mitteleuropa et le génie mélancolique de Chausson en France; enfin, et pris dans l'enchaînement, un 'Alla breve', fugato rondement mené. Alliant la violence primitive, les rythmes chaloupés, les accents canailles, les caresses mondaines à l'écriture contrapuntique, le Trio de Greif atteint, au-delà du contraste saisissant des mouvements, à l'unité supérieure des chefs-d'oeuvre".
Les deux piliers de ce disque sont donc le pianiste, Pascal Amoyel, et la violoncelliste, Emmanuelle Bertrand (voir par exemple le fruit récent de leur belle collaboration dans la Sonate de Chostakovitch : Chostakovitch : Concerto pour violoncelle n° 1 op.107 - Sonate pour violoncelle et piano op.40 - Moderato ). Ils sont rejoints pour le trio par la violoniste Antje Weithaas . C'est peu dire qu'ils font accéder la musique de Greif à la grandeur qu'elle porte en elle de naissance. Avec une prise de son un petit peu moins réverbérée, on toucherait à la perfection. N'est-ce pas un peu trop parfait, demanderont certains? A l'écoute de la Sonate de Requiem enregistrée par Henri Demarquette et Giovanni Bellucci, on peut se le demander, tant ils semblent avoir des options différentes, peut-être oser plus. Il est heureux que l'on puisse enfin bénéficier de plusieurs versions des plus grandes oeuvres de Greif au disque. Est-ce parce que j'ai découvert la Sonate de Requiem avec ce disque que je goûte un peu moins la version plus récente? Cela est possible, mais je dois dire que la comparaison s'avère des plus passionnantes, aucun des instrumentistes, et singulièrement des deux violoncellistes, ne déméritant au demeurant. Il paraît que Greif a pour certaines oeuvres laissé assez peu d'indications, et il existe forcément une différence de traitement entre les oeuvres pour lesquelles il a donné une version au piano, et celles qu'il n'a pas enregistrées.
Quoi qu'il en soit, on tient là, sinon une version définitive - ce serait triste - tout au moins une vision interprétée par des instrumentistes de grand talent, capables d'autant de fougue que de très fines nuances. Ils excellent à retranscrire la désolation, la déploration, l'élégie, mais aussi les soubresauts et les souvenirs heureux. Une réalisation de très haut niveau pour des oeuvres de toute beauté, que l'on ne se lasse pas d'écouter.
NB Ce disque est épuisé depuis quelque temps. Harmonia Mundi va le ressortir dans sa collection économique, HM Gold, en mai 2013 : Greif / Sonate de Requiem . Je précise que dans le même temps Timpani a sorti - entreprise assez folle - un coffret Olivier Greif en 12 dvd : Greif / les Incontournables . Concerts intégraux et extraits d'oeuvres, entretiens et hommages de compositeurs et instrumentistes proches se côtoient avec bonheur. Seul hic : certaines des oeuvres les plus représentatives (dont la Sonate de Requiem et le Trio, avec les maîtres d'oeuvre de ce CD, Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel) n'ont pas été captées intégralement et ne se trouvent qu'en extrait.
Si Greif n'est pas un compositeur d'avant-garde, il n'en est pas moins un musicien sensible et aventureux. Le label Triton, qui défend sa musique au disque depuis une quinzaine d'années, rappelle sur son site certains de ses propos, qui finissent par former un credo: « Je veux amener l'auditeur à cette espèce d'ivresse où les situations, les époques et les lieux les plus divers qui soient, les plus opposés en apparence, se superposent, s'imbriquent, tourbillonnent et finissent par fusionner en un instant projeté dans l'éternité, c'est à dire non pas en un instant particulier qui durerait toujours, mais en une vision globale, passée hors temps et hors espace. »
On sait que Greif a connu une éclipse (volontaire) pendant une dizaine d'années, et a repris une activité de compositeur dans les années 90, décennie pendant laquelle il a composé la plupart de ses oeuvres majeures. La Sonate de Requiem est dans cette perspective un cas à part, puisqu'elle fut créée à la fin de sa première période d'activité, en 1979, et connut une 2ème création mondiale en 1993, non sans avoir été réduite de 49 à 27 minutes. Je ne connais pas la version d'origine, mais je suis prêt à avancer que cette sonate semble tenir là sa forme idéale. Des dires du compositeur, aux croyances nettement marquées, cette sonate est une méditation sur la mort, les trois mouvements correspondant à trois aspects: la mort comme perte, comme voyage, comme contemplation. Autour de thèmes centraux, Greif cite abondamment, les bribes de mélodies venant hanter la partition comme des réminiscences plus ou moins heureuses. Dixit le compositeur: "Autour de ces trois thèmes-personnages se greffent de nombreux motifs, mélodies, citations, collages, qui sont autant de visions, d'hallucinations, d'échos oniriques, autant de réminiscences du monde humain que l'âme du défunt perçoit tandis qu'elle s'élève."
Le Trio (1998), aussi mélancolique et brutal que peut parfois l'être la sonate, est peut-être encore plus achevé. Inspiré par le Trio n°2 de Chostakovitch, ou plus largement par la musique de Chostakovitch - rappelons que la sonate n°3 était dédiée à sa mémoire - c'est une oeuvre de pleine maturité, qui marque durablement. Comme on ne dira certes pas mieux qu'elle, citons Brigitte François-Sappey, qui dans ses excellentes notes de pochette écrit: "Délaissant la coulée ininterrompue d'un poème musical élégiaque, Greif renoue ici, avec une forme en quatre mouvements: un 'De Profundis' sauvage et déchirant; une blême 'Java' erratique; une 'Romanze' délicieusement fin de siècle, entre la Mitteleuropa et le génie mélancolique de Chausson en France; enfin, et pris dans l'enchaînement, un 'Alla breve', fugato rondement mené. Alliant la violence primitive, les rythmes chaloupés, les accents canailles, les caresses mondaines à l'écriture contrapuntique, le Trio de Greif atteint, au-delà du contraste saisissant des mouvements, à l'unité supérieure des chefs-d'oeuvre".
Les deux piliers de ce disque sont donc le pianiste, Pascal Amoyel, et la violoncelliste, Emmanuelle Bertrand (voir par exemple le fruit récent de leur belle collaboration dans la Sonate de Chostakovitch : Chostakovitch : Concerto pour violoncelle n° 1 op.107 - Sonate pour violoncelle et piano op.40 - Moderato ). Ils sont rejoints pour le trio par la violoniste Antje Weithaas . C'est peu dire qu'ils font accéder la musique de Greif à la grandeur qu'elle porte en elle de naissance. Avec une prise de son un petit peu moins réverbérée, on toucherait à la perfection. N'est-ce pas un peu trop parfait, demanderont certains? A l'écoute de la Sonate de Requiem enregistrée par Henri Demarquette et Giovanni Bellucci, on peut se le demander, tant ils semblent avoir des options différentes, peut-être oser plus. Il est heureux que l'on puisse enfin bénéficier de plusieurs versions des plus grandes oeuvres de Greif au disque. Est-ce parce que j'ai découvert la Sonate de Requiem avec ce disque que je goûte un peu moins la version plus récente? Cela est possible, mais je dois dire que la comparaison s'avère des plus passionnantes, aucun des instrumentistes, et singulièrement des deux violoncellistes, ne déméritant au demeurant. Il paraît que Greif a pour certaines oeuvres laissé assez peu d'indications, et il existe forcément une différence de traitement entre les oeuvres pour lesquelles il a donné une version au piano, et celles qu'il n'a pas enregistrées.
Quoi qu'il en soit, on tient là, sinon une version définitive - ce serait triste - tout au moins une vision interprétée par des instrumentistes de grand talent, capables d'autant de fougue que de très fines nuances. Ils excellent à retranscrire la désolation, la déploration, l'élégie, mais aussi les soubresauts et les souvenirs heureux. Une réalisation de très haut niveau pour des oeuvres de toute beauté, que l'on ne se lasse pas d'écouter.
NB Ce disque est épuisé depuis quelque temps. Harmonia Mundi va le ressortir dans sa collection économique, HM Gold, en mai 2013 : Greif / Sonate de Requiem . Je précise que dans le même temps Timpani a sorti - entreprise assez folle - un coffret Olivier Greif en 12 dvd : Greif / les Incontournables . Concerts intégraux et extraits d'oeuvres, entretiens et hommages de compositeurs et instrumentistes proches se côtoient avec bonheur. Seul hic : certaines des oeuvres les plus représentatives (dont la Sonate de Requiem et le Trio, avec les maîtres d'oeuvre de ce CD, Emmanuelle Bertrand et Pascal Amoyel) n'ont pas été captées intégralement et ne se trouvent qu'en extrait.