Regine - Made in Paname (2004)

On ne peut pas imaginer que ce soit le besoin d'argent qui ait poussé Régine à reprendre du service. Madame Régine est trop désintéressée pour cela. La fortune ne l'intéresse pas. C'est autre chose après quoi elle court, depuis toujours. Sa voix de tenancière de tripot, elle s'en sert comme d'une arme fatale. Son timbre grillé par les cigarettes blondes et râpé par le scotch et le champagne a besoin de chanter. Et elle chante comme elle parle, ("Je suis un peu pompette, j'arrête", dit-elle sur "Je viens danser") captant la vie ordinaire des gens de la nuit. Jadis, Gainsbourg ou Frédéric Boton lui apportaient des mots sur mesure, aujourd'hui ses amis s'appellent Renaud et Marc Lavoine. Ce dernier signe ici 3 chansons dont le délicat "Il y a un pont", frisé de mandoline et de vibraphone. On dirait ces chansons jaillies du temps, venues de quelques décennies plus tôt. Régine n'a pas cherché à être de son époque, mais plutôt de son temps d'antan. Sans doute interpellée par le retour en grâce d'autres anciens, Juliette Gréco en tête, la célèbre patronne des cabarets qui portent son nom rappelle qu'elle a aussi ses mots à dire sur ce Paname qu'elle connaît mieux que personne sans doute. Et Pierre Palmade de nous faire sourire par une réplique tordante sur "Les Disputes". Bas résille et piano bastringue. -- Ramon Antunes