Sarah Toussaint-Léveillé - La solitude des flocons (2019)

Avec La solitude des flocons, la musicienne sublime à nouveau la mélancolie en privilégiant cette fois le synthétiseur et d’autres cordes que celles de la guitare. Sur ce troisième disque, Sarah Toussaint-Léveillé chante toujours ses bleus, mais s’éloigne du folk-blues qui a caractérisé ses deux albums précédents. Dès les premières notes, au piano, de Haïku, elle nous guide vers un nouvel habillage musical brodé de violon, de harpe et de clarinette. Sarah Toussaint-Léveillée propose cinq chansons lentes et hypnotiques, dans lesquelles elle chante les chemins “brisés par le rêve ». Le résultat, si intimiste, enveloppe l’auditeur dans une bulle de musique lancinante aux arrangements peaufinés. Le titre l’indique : l’hiver imprègne ce microalbum. La musicienne réfère à maintes reprises à sa Noël et à sa neige, particulièrement dans Lalala, où celle qui a « du mal à [s]’accrocher à la barre du bonheur » nous plonge dans cet engourdissement délicieux de la saison froide. Dans Says He (elle chante aussi en anglais depuis ses débuts), mystérieuse et presque catatonique, les violons viennent ajouter au synthétiseur et à la voix blanche un aspect dramatique. Puis Les vieux chats termine l'album sur une note triste mais apaisée. La discrète Sarah Toussaint-Léveillé construit des chansons où priment de plus en plus l’intériorité et l’atmosphère musicale. Rappelons que le précédent disque, La mort est un jardin sauvage, avait reçu le prix du Coup de coeur québécois de l’Académie Charles Cros. Ceux qui apprécient Safia Nolin ou Catherine Major trouveront ici un bel écrin où lover leur grisaille.

En guise d’au revoir, dans le livret, elle nous envoie un joli souhait : « Que la douceur soit avec vous. » En voilà déjà une dose, en ce début d’hiver précoce.